L’intelligence artificielle (IA) s’invite « discrètement » dans nos classes et modifie déjà nos pratiques. Elle allège les tâches répétitives, personnalise les apprentissages et ouvre de nouvelles perspectives. Mais cette avancée soulève également des questions éthiques : responsabilité des enseignants, protection des données, autonomie des étudiants…

Cet article explore ces défis pour aider les enseignants à intégrer l’IA de manière critique et éthique. Car l’IA n’est pas qu’un simple outil… elle pousse à repenser nos méthodes, nos évaluations et la place de l’éthique dans l’apprentissage.

Les défis éthiques de l’IA en éducation

L’IA en éducation pose plusieurs défis éthiques. Ceux-ci touchent à la sobriété numérique, à la qualité des contenus, à l’équité… et bien sûr, à la transparence.

1. Réduire l’empreinte écologique du numérique

Chaque requête sur ChatGPT consomme environ 2,9 wattheures d’électricité, soit près de dix fois plus qu’une recherche Google standard, qui utilise environ 0,3 wattheure. Imaginez l’impact quand des millions d’utilisateurs envoient des milliards de requêtes chaque jour…[1] L’empreinte écologique de ces outils est loin d’être négligeable.

Bonnes pratiques :

• Utiliser l’IA uniquement lorsque cela est nécessaire… et pertinent.
• Sensibiliser les élèves et étudiants à l’impact environnemental des technologies numériques.
• Favoriser des alternatives plus écologiques lorsque c’est possible, comme des recherches classiques ou des discussions en groupe. 
  
  

2. Qualité et fiabilité des contenus

L’IAG peut produire des informations inexactes ou biaisées. Ces biais peuvent être liés au genre, à l’origine ethnique ou à d’autres facteurs socioculturels. Pire encore… ces erreurs peuvent passer inaperçues si l’on n’y prête pas attention.

Questions à se poser :

• Ai-je validé la qualité du contenu généré par l’IA ?
• Est-ce que les étudiants sont formés à identifier et à vérifier la fiabilité des contenus produits par l’IA ?
• Est-ce que les élèves comprennent l’importance de recouper les informations avec des sources fiables ? 
  
  

3. Accessibilité et diversité culturelle

L’IA doit être accessible à tout le monde, indépendamment de leurs capacités ou de leur contexte socio-économique. Au-delà des biais, il est important de s’assurer que les outils d’IA sont conçus pour être inclusifs et adaptés aux besoins variés des apprenants.

Bonnes pratiques :

• Vérifier si le contenu généré concerne des groupes sous-représentés.
• Corriger les biais identifiés en reformulant les requêtes ou en utilisant des ressources alternatives.
• Encourager la diversité des perspectives dans les contenus enseignés.
• Favoriser l’utilisation de sources variées, provenant de cultures et de contextes différents, pour élargir les points de vue présentés en classe. 
  
  

4. Transparence et clarté

L’honnêteté intellectuelle exige de mentionner clairement l’usage de l’IA dans les productions scolaires. Les élèves et étudiants doivent indiquer cette utilisation en note de bas de page, accompagnée de la date de consultation et du nom de l’outil utilisé, sans oublier de copier, en annexes, les échanges générés. Cela peut sembler fastidieux… mais c’est essentiel pour garder une trace et garantir la transparence.

Recommandations :

• Joindre en annexe les prompts, les réponses générées et une analyse critique des contenus produits.
• Encourager les élèves et étudiants à discuter en classe des apports et des limites de l’IA dans leurs travaux académiques.
• Sensibiliser à l’importance de la transparence et de l’éthique dans toutes les productions académiques, en insistant sur la distinction entre assistance technologique et travail personnel. 
  
  

5. Développer l’autonomie des enseignants et élèves

L‘utilisation de l’IA ne doit pas remplacer la réflexion critique des enseignants et des étudiants. Il est essentiel de préserver l’autonomie intellectuelle en utilisant l’IA comme un outil de soutien, et non comme une source unique de connaissance. Finalement, l’IA doit rester un assistant.

Questions à explorer :

• Est-ce que l’IA aide à développer la pensée critique ou encourage-t-elle une dépendance aux technologies ?
• Comment encourager les étudiants à conserver leur créativité et leur esprit critique ?
• Quels outils complémentaires peuvent être intégrés pour favoriser l’autonomie des apprenants ?
• Comment les enseignants peuvent-ils équilibrer l’utilisation de l’IA avec des méthodes pédagogiques traditionnelles pour renforcer cette autonomie ? 
  
  

Pour terminer

L’IA générative est un outil puissant pour l’enseignement, si elle est utilisée avec discernement. Elle enrichit l’apprentissage en facilitant l’accès à des ressources variées, en personnalisant les parcours éducatifs et en stimulant la créativité des élèves et étudiants. Toutefois, son intégration nécessite une vigilance constante des enseignants, qui jouent un rôle clé pour encadrer ces technologies.

Les enseignants doivent veiller aux impacts éthiques de l’IA, notamment la protection des données, l’équité d’accès aux outils numériques et la prévention des biais dans les contenus. Il est essentiel d’accompagner les élèves et étudiants dans le développement de compétences critiques, en les aidant à évaluer la fiabilité des informations et à comprendre les limites de l’IA.

Avec une approche équilibrée, l’IA peut offrir de nombreux avantages tout en respectant les valeurs fondamentales de l’éducation, telles que l’intégrité intellectuelle, l’autonomie des apprenants et le respect de l’éthique. L’IA doit rester un complément à la réflexion humaine, encourageant la pensée critique et l’innovation pédagogique.

David Duperrex 
Maître d’enseignement professionnel
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